Mireille De Lauw

C’était lui ou moi ! Ces mots répétés plusieurs fois par Mireille n’ont pas suffi ; la justice l’a condamnée à 8 ans de prison, sans sursis. Une peine juste ? Sans doute… On n’a pas le droit de tuer. Même après avoir vécu 25 ans de violence conjugale. Même en cas de légitime défense différée. D’ordinaire, les femmes meurent sous les coups ; elles ne peuvent plus prononcer ces mots car elles ne sont pas sur le banc des accusés. Mireille, oui. Dès les premières pages, l’auteur nous ouvre la porte de son univers ou plutôt de son enfer et raconte comment elle a commis l’irréparable, pour sauver sa fille d’un mariage forcé au pays de son époux. On pouvait tout lui faire, tout ! Mais pas toucher à ses enfants. Cette mère a tué pour sauver sa vie et donc sa fille. Elle va le payer très cher. Un témoignage poignant qui décrit les rouages de la justice, parfois très lente, le déroulement d’un procès aux assises, vu par l’accusée, mais aussi le coulisses de l’univers carcéral. En effet, c’est en prison que Mireille a écrit l’essentiel de ce livre, une écriture qui l’a aidé à tenir pour ne pas devenir folle, notamment lorsqu’elle était enfermée 24h sur 24 en plein confinement. La sortie de prison, sous bracelet électronique dans un premier temps, ne va pas l’épargner puisqu’elle va sombrer dans une grave dépression. La détention a aggravé son état de santé et les interventions chirurgicales vont se succéder. Mais dans ce paysage trop gris, Mireille a décidé de poursuivre sa route vers les éclaircies, avec sa fille, libres. Ce livre est vendu au profit de la lutte contre les violences conjugales, et notamment l’asbl Succès qui accompagne les victimes et a soutenu Mireille avant, pendant et après sa détention. Mireille De Lauw est née le 11 avril 1968. Elle est la cadette d’une famille catholique de 5 enfants. Son enfance, confrontée à l’innommable, l’éloigne trop tôt des bancs d’école. Néanmoins, attirée par les enfants, elle obtient un diplôme de puéricultrice et débute sa vie professionnelle dans les garderies scolaires. Elle rêve d’une famille nombreuse, rêve qui se réalisera puisqu’elle aura 4 enfants. En revanche, sa vie de couple ne sera pas plus heureuse que son enfance, et durant de nombreuses années, elle va subir la violence de son époux, jusqu’à ce qu’elle dise stop, tue et sera condamnée. Sortie de prison en mars 2022, elle vit aujourd’hui en région bruxelloise avec sa fille, toujours aux études. Elle souhaite que son histoire puisse éviter d’autres drames, que ce soit en tant que victime ou meurtrière.